Le Cromimi-Nut n°43

Le célesta est un instrument de musique de la famille des percussions muni d'un clavier. Inventé en 1886 par Auguste Victor Mustel (1842-1919), c'est un hybride entre le glockenspiel et le piano, les marteaux actionnés par les touches du clavier frappant des lames métalliques.
Il sert le plus souvent à donner de l'effet dans les pièces orchestrales, pour traduire une ambiance. Ses parties musicales sont souvent le doublage d'un thème joué à la flûte ou à la harpe, voire parfois une partie solo dans de redoutables traits d'orchestre. Il est également utilisé en musique de chambre, mais il n'existe que très peu de concertos écrits pour lui.
Le son obtenu, pauvre en harmoniques, est d'une très grande pureté qui n'est pas sans rappeler les antiques boîtes à musique. Dans l'orchestre, c'est un des instruments les plus aigus, il monte dans la douceur. Ses notes graves sont peu sonores et rappellent le timbre de la cloche.Dès le médium et jusqu'à l'aigu, le célesta est souvent utilisé pour des effets féeriques, merveilleux et célestes.

Le célesta possède une sonorité à la fois un peu métallique, aigüe,douce et cristalline.
L’air de «La fée dragée»,un extrait du ballet «Casse-noisette» composé par Tchaïkovski est parfois joué au piano pour plus de commodité mais à l’origine,il a été créé pour être interprété au célesta accompagné par l’orchestre et la harpe,comme dans la version ci-dessus.

Ecoutez le célesta «Carillon céleste»

Bloc sévère et massif, le château de Bucovice, situé sur la route qui relie Brno aux provinces de l'Est cache un trésor discret, six admirables plafonds aux décors maniériste. Il fût réalisé à la fin du 16° Siècle pour un grand seigneur morave, Jan Sembera de Boskovice, conseiller et écuyer de la bouche de l'Empereur Rodolphe II. A la fois bon vivant, érudit et esprit curieux, Jan Sembera avait confié la réalisation de ces petites salles d'apparat, à l'architecte Jacopo Strada. Ce qui explique la qualité exceptionnelle d'un décor digne de la cour impériale. Strada, en effet passa trente ans de sa vie, à partir de 1558 au service des Empereurs, Ferdinand Ier, Maximilien II et Rodolphe II.
Il avait commencé sa carrière à Mantoue en étudiant le métier d'orfèvre et c'est ce qui explique sans doute le côté extrêmement minutieux de sa conception.

Peinture et sculpture figuratives se partagent les compartiments des différents plafonds qui sont reliés par des bandes de stuc et des grotesques à l'italienne. Alors que les compartiments sont réservés aux représentations sérieuses,mythologiques ou allégoriques, les peintres décoratifs se sont laissés aller dans les grotesques à plus de fantaisie. Acrobates, satyres, putti,hybrides sont entrainés dans une joyeuse bacchanale qui défie les lois de l'équilibre et de la raison.

Dans la "Salle des lapins", cette gaieté un peu irrévérencieuse gagne la peinture elle-même. Bien avant les "cabinets des singes" du 18° Siècle où les moeurs humaines sont caricaturées avec humour, la salle des lapins de Bucovice nous offre une vision fraiche et drôle de la société de la cour de Rodolphe. Ce thème des lapins qui endossent les habits humains se relie à toute une tradition dite du "Monde à l'envers" répandue à l'époque dans l'imagerie populaire. La femme qui porte culotte, l'homme qui bat le linge, l'âne qui enseigne aux enfants, le bœuf qui attelle le paysan pour creuser le sillon et le gibier qui se rebelle sont destinés avant tout à faire rire en se jouant des comportements sociaux et des habitudes mentales.

Le lapin qui chasse les êtres humains et en adopte les moeurs est un grand classique de ce "monde à l'envers". Au plafond de Bucovice, les quadrupèdes tirent l'homme au fusil ou le font prisonnier avant de "l'envoyer en l'air" en musique à l'aide d'une couverture. Une guerre ouverte contre les chiens nous donne également un aperçu sur les habitudes militaires de l'époque. Bataille rangée de la cavalerie lapine contre les fantassins humains. Camp retranché des lapins contre les chiens.

 

Au centre le la composition, le repas du roi et de la reine des lapins attire l'attention par son importance et ses dimensions. Repas d'apparat qui nous rappelle les fonctions "d'écuyer de la bouche" à la cour de Rodolphe II de Jan Sembera. C'est une représentation fort exacte du repas d'apparat et de son cérémonial. Installés l'un à côté de l'autre sous un baldaquin, le roi et la reine font face aux courtisans, comme des acteurs sur une scène. Les officiers de la bouche montent des cuisines en portant les terrines chaudes enveloppées de linge. L'une d'entre elle est présentée à la reine. Un autre officier présente au roi un couteau à manche d'or. A gauche un buffet d'apparat pour l'orfèvrerie. Un officier est en train de remplir un verre qui sera présenté au souverain sur une coupe. Il n'y a pas en effet de verres sur la table à l'époque.
Ceux-ci sont mis au frais dans des rafraîchissoirs, au côté des bouteilles aux pieds du buffet. Les boissons étant servies à la demande. Le nombre des plats ne doit pas étonner. Ils étaient répartis au même moment sur toute la surface de la table en même temps, et non successivement comme aujourd'hui. Chacun se servant à sa guise. A droite, des lapins musiciens actionnent un orgue. Jan Sambera s'est il fait représenter lui-même ? Peut-être est-ce lui qui, chaussé de lunettes, fait la lecture aux souverains lapins. Détail amusant qui devait fort divertir les habitués des réceptions de Bucovice.